A chaque fonction son béton
Dans la fosse du tokamak, deux dalles d'un mètre et demi d'épaisseur ont déjà été coulées. Pour la première, qui porte les 493 colonnes du système parasismique, on a utilisé un béton standard dont la résistance à la compression est de l'ordre de 3 000 tonnes par mètre carré.
Pour la seconde, qui constitue le « plancher » sur lequel reposeront la machine et ses bâtiments annexes, on a besoin d'une résistance à la compression sensiblement supérieure (4 000 tonnes par mètre carré).
Le béton du plancher est un « béton nucléaire » qui doit agir comme ultime barrière de confinement après les parois de la chambre à vide et l'enceinte de protection biologique (3,5 mètres d'épaisseur) qui entoure la machine.
La couronne sur laquelle reposeront les 23 000 tonnes du tokamak devrait faire appel à un béton encore plus particulier, offrant une résistance à la compression deux à trois fois supérieure à celle du béton de la dalle, et dont la formulation est en cours qualification.
Des éléments de protection biologique, dans l'immédiate proximité du tokamak, seront réalisés dans un « béton lourd » au sein duquel les agrégats habituels peuvent être remplacés par du minerai de fer − la masse, au mètre-cube, passe alors de 2,4 à 3,6 tonnes.
Qu'ils soient ordinaires ou exceptionnels, les bétons utilisés dans la construction d'°ÄÃÅÁùºÏ²Ê¸ßÊÖ font l'objet de contrôles à chacune des étapes de leur élaboration et de leur mise en Å“uvre.
Une fois la formulation établie par le fabriquant (elle relève souvent du secret industriel), l'entreprise chargée des opérations de coulage met en place un programme d'essais en laboratoire, que confirmeront les essais sur maquettes, à échelle réelle.
A chaque coulée, des échantillons sont prélevés de manière à étudier l'évolution du béton, à court et moyen terme (de 2 à 90 jours). « Nous multiplions les tests et les vérifications, expliquent Damien Sorbier et Romain Paix, deux des ingénieurs travaux du consortium Engage, maître d'Å“uvre du chantier et sous-traitant de Fusion for Energy, l'agence européenne pour °ÄÃÅÁùºÏ²Ê¸ßÊÖ. Mais tout est mis en Å“uvre, en amont, pour qu'il n'y ait pas de surprise... »
La température est également très surveillée. Le béton ne doit pas sortir de la centrale à moins de 10° C et ne peut être coulé à plus de 30. En fonction des conditions climatiques, qui sont parfois extrêmes sur le site d'°ÄÃÅÁùºÏ²Ê¸ßÊÖ, il faut tantôt le réchauffer, tantôt le rafraîchir.
Pour °ÄÃÅÁùºÏ²Ê¸ßÊÖ, la qualité du béton et de sa mise en Å“uvre est essentielle. Elle conditionne l'intégrité et la sûreté de l'installation tout entière.